Par Marina Le Lamer
Pharmacienne, Responsable à la production / Formulatrice en Recherche et Développement chez Corpa Flora
Plage, piscine, randonnée, pique-nique au bord d'un lac… Dès que les premiers rayons du soleil effleurent notre peau, nos fins de semaine estivales se rythment d'activités de plein air. Dans notre sac-à-dos, on emporte alors avec nous l'incontournable de cette saison : la protection solaire ! Mais savez-vous exactement ce qu'elle contient et si elle est sans danger pour votre santé et pour l'environnement ? Aller, suivez-nous, on vous explique tout.
LE SOLEIL, AMI OU ENNEMI ?
Le soleil exerce plusieurs effets bénéfiques sur notre organisme :
- La synthèse de vitamine D, qui est essentielle à la préservation du capital osseux et à la prévention de l'ostéoporose. Une exposition quotidienne de 15 minutes des mains, des avant-bras et du visage est habituellement suffisante pour couvrir nos besoins en vitamine D. Mais n'hésitez pas à consulter votre médecin pour un conseil personnalisé.
- La régulation de l'horloge interne par l'intermédiaire de la mélatonine, l'hormone du sommeil, dont la synthèse suit un cycle dépendant de la captation de la lumière au niveau de la rétine de l'œil.
- La stimulation des hormones du bien-être (dopamine et sérotonine) qui entraîne bonne humeur, énergie, optimisme et dynamisme.
- L'amélioration des symptômes de certaines affections de la peau comme le psoriasis ou le vitiligo.
Les bienfaits du soleil sont néanmoins moins importants que ses effets néfastes :
- Coup de soleil, brûlure
- Insolation
- Vieillissement cutané prématuré
- Tâches pigmentaires
- Cancer de la peau (mélanome, carcinome)
Il est donc très important de protéger sa peau du soleil et d'adopter les bons réflexes :
- Privilégier l'ombre et les sorties en matinée ou en fin de journée,
- Porter des vêtements amples, couvrants, des lunettes et un chapeau à large bord,
- Renouveler l'application de la crème solaire toutes les 2 heures au minimum sans attendre que ça chauffe (les éventuels ingrédients anti-inflammatoires de la crème retardent la sensation de brûlure), mais également après chaque bain ou activité physique.
COMMENT CHOISIR LA MEILLEURE CREME SOLAIRE ?
INDICE SPF : Garant de l'efficacité
La meilleure crème solaire est avant tout une crème solaire stable et efficace, c'est-à-dire une crème solaire à large spectre qui offre une protection optimale contre les rayons ultra-violets A et B (UVA et UVB). Et pour cela, il faut absolument vérifier qu'elle possède un indice SPF, Facteur de Protection Solaire, mesuré par un laboratoire indépendant.
Le SPF définit la protection contre les UVB. Pour un indice SPF donné, la quantité d'UVB (en %) qui demeure non filtrée = 100/SPF. Une crème solaire SPF 20 laisse donc passer 5% d'UVB et en retient 95% alors qu'une crème solaire SPF 50 en laisse passer 2% et en retient 98%.
Chaque indice SPF garantit en plus une protection contre les UVA au minimum égale au tiers de celle contre les UVB. Cela signifie que pour un SPF de 30 (protection UVB de 30), c'est un minimum de 10 qui est attendu pour la protection UVA.
Sachez toutefois qu'aucun produit solaire ne peut garantir une protection totale contre les rayons UV et les filtrer à 100% : la crème solaire écran total n'existe pas.
FILTRES SOLAIRES : Impact sur la santé et sur l'environnement
Il existe 2 catégories de filtres solaires : les filtres chimiques (appelés aussi "organiques") et les filtres physiques (ou "minéraux").
Les filtres chimiques sont des molécules synthétiques issues de la pétrochimie. Ils pénètrent l'épiderme et absorbent une partie du rayonnement UV. Ils ne deviennent actifs que 20 à 30 minutes après l'application. Ces dernières années, plusieurs études scientifiques ont remis en cause leur usage en raison de leurs risques potentiels pour la santé. Ces filtres chimiques peuvent être allergisants, irritants. Certains, comme l'oxybenzone (benzophenone-3) ou l'octinoxate (ethylhexyl methoxycinnamate), sont suspectés être des perturbateurs endocriniens, voire même des cancérigènes.
De plus, ces molécules sont nocives pour les récifs coraliens et l'écosystème marin qu'ils abritent. Elles perturbent la reproduction et le cycle de croissance des coraux, conduisant ainsi à leur blanchissement. Chaque année, près de 14 000 tonnes de crème solaire finissent dans les océans (suite à nos baignades ou après rinçage sous la douche) ! L'impact négatif sur la biodiversité est tel que Hawaï interdit depuis le 1er janvier 2021 la vente de crème solaire contenant de l'oxybenzone ou de l'octinoxate.
Les filtres physiques (l'oxyde de zinc et le dioxyde de titane) sont quant à eux des poudres minérales inertes et opaques. Ils forment un bouclier à la surface de la peau qui réfléchit les rayonnements UV, comme un miroir, et agissent immédiatement après l'application. Ce sont les seuls filtres autorisés dans les crèmes solaires labellisées bio. Ils présentent une bonne tolérance cutanée, cependant on les retrouve parfois sous forme nanoparticulaire afin d'obtenir une texture légère, transparente qui ne laisse pas de film blanc sur la peau. A l'heure actuelle, de nombreux doutes et incertitudes entourent les nanoparticules. Leurs effets sur notre santé et sur les milieux aquatiques sont très controversés au sein de la communauté scientifique. Par précaution, il est donc préférable d'éviter la mention [nano] qui est spécifiée sur la liste des ingrédients.
LISTE INCI : La décortiquer de près
D'autres ingrédients problématiques se retrouvent très souvent dans la composition des crèmes solaires (conservateurs, stabilisants, parfums, huiles minérales, silicones…). Certains sont suspectés être à risque pour la santé, d'autres sont polluants et destructeurs de la biodiversité. Il est donc fortement recommandé de toujours analyser la liste INCI (la Nomenclature Internationale des Ingrédients Cosmétiques) qui est obligatoirement inscrite sur le produit.
Vous avez à présent toutes les informations pour un choix éclairé et raisonné de votre protection solaire, vous pourrez ainsi profiter de l'été en toute sérénité !
Sources
- M.K. Matta et al., Effect of Sunscreen Application on Plasma Concentration of Sunscreen Active Ingredients A Randomized Clinical Trial. Journal of the American Medical Association, 2020, 323(3):256-267.
- A. Kariagina et al., Benzophenone-3 promotion of mammary tumorigenesis is diet-dependent. Oncotarget. 2020; 11: 4465-4478.
- F.M Peinado et al., Cosmetic and personal care product use, urinary levels of parabens and benzophenones, and risk of endometriosis: results from the EndEA study. Environmental Research, 2020. Oct 16:110342.
- C.G Santamaria et al., Dermal exposure to the UV filter benzophenone-3 during early pregnancy affects fetal growth and sex ratio of the progeny in mice. Archives of Toxicology, 2020, 94: 2847-2859.
- European SCCS (Scientific Committee on Consumer Safety), Opinion on ZnO (nano form), 2012. https://ec.europa.eu/health/scientific_committees/consumer_safety/docs/sccs_o_103.pdf
- European SCCS (Scientific Committee on Consumer Safety), Opinion on Titanium Dioxide (nano form) as UV-filter in sprays, 2018. http://publications.europa.eu/resource/cellar/b635a200-38cd-11e9-8d04-01aa75ed71a1.0001.01/DOC_1
- Environmental Working Group : Guide to sunscreens https://www.ewg.org/sunscreen/report/executive-summary/
- Downs, C.A., Kramarsky-Winter, E., Segal, R. et al. Toxicopathological Effects of the Sunscreen UV Filter, Oxybenzone (Benzophenone-3), on Coral Planulae and Cultured Primary Cells and Its Environmental Contamination in Hawaii and the U.S. Virgin Islands. Arch Environ Contam Toxicol 70, 265–288 (2016). https://doi.org/10.1007/s00244-015-0227-7
- D. Stein et al., Metabolomics Reveal That Octocrylene Accumulates in Pocillopora Damicornis Tissues as Fatty Acid Conjugates and Triggers Coral Cell Mitochondrial Dysfunction. Analytical Chemistry, American Chemical Society, 2019, 91(1):990-995.
- National Geographic : Les crèmes solaires sont nocives pour les océans (mais des alternatives existent)
- Haereticus Environmental Laboratory : http://haereticus-lab.org/protect-land-sea-certification-3/
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